« Promouvoir la santé, de l'école à la communauté »

  1. Préambule
  2. Tarma et sa population
  3. Problématique et nécessité de l'intervention
  4. Les partenaires du projet
  5. Description du projet
  6. Ressources du projet
  7. Public cible
  8. Activités prévues en 2012
  9. Le projet à long terme
     

1. Préambule

Ce projet a pour objectif de construire un centre de santé et d'offrir un service de prévention et de soins dans les locaux de l'école Fe y Alegría « Maria Inmaculada », qui se situe dans la communauté paysanne de Vista Hermosa à Tarma au Pérou.

Ce document reprend les idées principales du projet réalisé en espagnol par les professeurs de l'Ecole Fe y Alegría,: « Promoviendo y cuidando la Salud desde la escuela a la comunidad » (disponible sur le site www.medibus.ch) . Nous avons complété ce document avec certaines données extraites du rapport de stage effectué à l'Hôpital de Tarma en 2009 par des étudiants de la Faculté de médecine de l'Université de Genève (document pdf que vous pouvez télécharger ici) et d'autres informations recueillies sur le terrain par les membres du comité de MediBus en 2008, ainsi qu'à travers les échanges que nous avons eus depuis avec les sœurs de la Congregacion del Servicio Social de la Inmaculada.

Nous tenons par ailleurs à rappeler que de par ses statuts, MediBus a toujours été et demeure une association politiquement neutre et confessionnellement indépendante.

 

2. Tarma et sa population

La communauté de Vista Hermosa se trouve sur le flanc d'une des collines qui entourent la ville de Tarma, dans le Département de Junín au Pérou. Il s'agit d'un quartier périphérique qui jouxte le centre et accueille les habitants de communautés paysannes qui ont émigré en ville. On y accède par des chemins de terre  sinuant entre des maisons construites majoritairement en torchis et souvent dépourvues d'eau courante et d'électricité. L'école a été construite il y a 3 ans sur un terrain en hauteur qui domine le quartier de Vista Hermosa et offre une vue panoramique sur la ville et ses alentours.

Tarma est une petite ville de la Sierra Central au Pérou située à 3053 mètres d'altitude au-dessus du niveau de la mer. Son climat est froid et sec. L'époque la plus favorable pour y voyager s'étend de mai à septembre. La distance entre Lima et Tarma est de 290 kilomètres par la route. Il faut compter entre 6 et 7 heures pour faire le trajet avec le bus et près de 5 heures avec une voiture.

La population de Tarma est composée à 60% par une population rurale qui sur le plan socioculturel et économique se développe relativement lentement et dont les moyens de subsistance proviennent essentiellement du commerce et de l'agriculture.

 

3. Problématique et nécessité de l'intervention

Selon les données de l'Institut National de la Statistique et de l'Informatique du Pérou (INEI), la Province de Tarma compte 17 615 habitants. Plus de 60% de la population est composée de personnes qui ont émigré des localités proches de Tarma pour chercher de meilleures conditions d'études et d'offres d'emploi. Ceci a accentué la pauvreté et le chômage qui touchaient déjà la ville auparavant.

Les étudiants qui sont partis faire un stage à l'Hôpital de Tarma (dans le cadre de leurs études au sein de la Faculté de médecine de l'Université de Genève) ont constaté que la plupart des femmes qui accouchaient étaient très jeunes et que le père ne les accompagnait que très rarement en salle d’accouchement ou même à l’hôpital. Ils ont vu par la suite, en donnant des cours dans les collèges, que le niveau d’éducation sexuelle était très bas et que les contraceptifs, bien que disponibles gratuitement au planning familial de l’hôpital, n’étaient que très peu utilisés.

Durant leur stage en médecine interne, ils ont vu énormément de cas de BPCO (bronco-pneumopathies chroniques obstructives), de pneumonies, d’emphysèmes et autre maladies respiratoires à un stade déjà très avancé. Ayant remarqué que les gens ne fumaient pratiquement pas à Tarma, la forte prévalence de ces maladies respiratoires les a intrigués. En se renseignant auprès de médecins, ils ont appris que Tarma se trouvait entre une fabrique de ciment qui rejetait passablement de poussières dans l’atmosphère et une ville minière nommée La Oroya ( Cette ville a été classée  parmi les plus pollués du monde dans le rapport du Blacksmith Institutepublié en 2007 ) qui utilise des gaz toxiques pour l’extraction de zinc, ceux-ci migrant au gré des vents sur la ville de Tarma.

Les médecins locaux leur ont également expliqué qu’il y avait énormément de gastrites et de cancers de l’estomac et des intestins, apparemment dus à une large quantité de pesticides utilisés dans l’agriculture locale et aux infections intestinales à répétition associées à la consommation d’eau non-potable. De plus, la plupart des patients arrivent à l’hôpital avec des maladies à des stades très avancés, ceux-ci n’ayant pas les moyens de payer des consultations médicales régulières. Comme la plupart des gens n’ont pas d’assurance maladie, ils sont contraints supporter les frais de traitements et d’hospitalisation.

D’ailleurs, à l'heure actuelle, l'assurance maladie au Pérou n'est pas obligatoire. Les assurances privées sont seulement abordables pour les gens aisés. Le résultat est une couverture d'assurance très hétérogène avec un contraste riches-pauvres, centre-périphérie. Il existe au niveau national un fonds (Système Intégral de la Santé – SIS) destiné au financement de la prise en charge des plus pauvres, mais ses moyens sont très limités. Les consultations dans les établissements publiques sont payantes et coûtent environ 5 CHF.

 

4. Les partenaires du projet

La Congregación del Servicio Social de la Inmaculada

Il s'agit d'une congrégation religieuse péruvienne qui est présente dans différentes villes du Pérou (Lima, Arequipa et Tarma). Elle a été fondée en 1950 par un groupe de jeunes femmes dont la plupart exercent la profession de travailleuse sociale. Elles travaillent ainsi aux côtés des familles pauvres en menant une série d’œuvres sociales telles que la création de restaurants populaires, de bibliothèques populaires, d'ateliers de production, de centres d’éducation, etc. afin de permettre aux gens de se développer eux-mêmes à travers l’accompagnement et la formation.

Nous sommes entrés en contact avec ces sœurs à travers l'association Madre Irenequi soutient depuis de nombreuses années divers projets de création de bibliothèques dans les quartiers défavorisés de la ville de Tarma. Cette association a été créée par Rodrigo et Nathalie Diaz, qui ont eux-mêmes vécu un certain temps à Tarma et habitent maintenant à Genève. Nous avons rencontré les sœurs sur place à l'occasion d'un voyage en 2008, où nous avons apporté une aide ponctuelle en finançant l'achat de pharmacies pour les bibliothèques et de médicaments pour les enfants qui venaient manger à la cantine tenus par les sœurs et qui avaient été auscultés par un docteur (beaucoup souffraient de carences alimentaires, troubles digestifs et nécessitaient des soins dentaires). Nous avons pu constater l'enthousiasme communicatif avec lequel elles réalisent les tâches dont elles ont la responsabilité, la rigueur de leur gestion comptable et l'amour qu'elles portent aux enfants. Précisons qu'il n'y a à Tarma que deux sœurs membres de cette congrégation : la Hermana Yoli Solorzano est responsable des projets de bibliothèque soutenus par l'association Madre Irene, tandis que la Hermana  Rosario Zurita Silva est directrice de l'école Fe y Alegría.

L'école et le réseau Fe y Alegría

L'école Fe y Alegría fait partie d'un réseau d'institutions éducatives qui s'étend à travers 19 pays dispersés sur 3 continents. Celles-ci sont dirigées tant par des religieux que par des laïcs. Née au Vénézuela en 1955, cette organisation se définit comme un mouvement international d'éducation populaire et intégrale et de promotion sociale. Elle envisage l'éducation comme une stratégie fondamentale pour parvenir à une société juste et équitable, qui ne soit pas basée sur l'exclusion mais sur l'intégration. Elle affirme que l'accès à une éducation de qualité ne doit pas être un privilège des plus riches, mais qu'elle doit au contraire servir d'outil pour combattre la pauvreté. « Là où se termine l'asphalte apparaît une école Fe y Alegría» peut-on lire sur le site de cette organisation (www.feyalegria.org) qui a gagné en 2009 le Prix du Mérite pour le développement régional de l'Amérique latine et des Caraïbes, décerné par la Banque Interamericaine du Développement (BID).

Selon la philosophie qui anime chaque nouveau projet, l'ensemble des démarches éducatives (à commencer par la construction d'une école) doit se faire en impliquant la communauté dans laquelle elle est appelée à se développer. De nombreux principes humanistes sont à la base de la vision et de l'action de cette organisation (« Misión y Visión »). Il s'agit de principes tels que l'indignation devant les situations d'injustice, l'attitude critique et la recherche constante de solutions locales appropriées, la volonté de faire toujours mieux et d'aller toujours plus loin, la solidarité, ainsi que l'ouverture au dialogue entre les différentes cultures et religions (et les personnes qui travaillent dans ce réseau parlent de leur action avec un enthousiasme communicatif).

En outre, il existe 78 institutions éducatives dans tout le Pérou dont 3 à Junin, départment dans lequel se situe la ville de Tarma. L'école Fe y Alegría de Vista Hermosa est dirigée par la Sœur Rosario Zurita Silva, qui est membre de laCongregacion del Servicio Social de la Inmaculada.


5. Description du projet

Le Pérou n'est pas encore en mesure de couvrir sur l'ensemble de son territoire les besoins basiques de la population dans le domaine de la santé et de l'éducation. Ce projet cherche ainsi à développer un programme de prévention et de soins dans le domaine de la santé, en partant de l'école pour atteindre la communauté.

Cette idée est née du constat fait par les professeurs de l'école Fe y Alegría que la majorité des élèves (environ 85%) souffrent de véritables carences dans les domaines suivants : nutrition, hygiène, soutien psychologique, soins de premiers secours. Ces maux sont le reflet de la réalité dans laquelle vit leur famille ainsi que la majorité des habitants de la communauté de Vista Hermosa et des autres communautés voisines comme celles de Curis, Andamarca, mais aussi les quartiers de Dos de Mayo et Capia, d'où viennent d'ailleurs une grande partie des élèves.

Les problèmes de santé qui affectent le plus communément les enfants et les adolescents sont des problèmes respiratoires (infections) et digestifs (parasites et carences nutritionnelles). Par ailleurs, les taux de suicide et de grossesse parmi les adolescents de la province de Tarma constitue un sujet de préoccupation de plus en plus alarmant.

Voici les principales raisons pour lesquelles s'est imposée aux acteurs du projet à Tarma la nécessité de mettre en place et de développer un programme de prévention et de soins, de l'école vers la communauté.


6. Ressources du projet

Le projet pourra être réalisé de la manière suivante :

  • L’école Fe y Alegría mettra à disposition une partie de son terrain pour la construction du centre de santé
  • Un accord sera conclue avec l’hôpital de Tarma pour assurer des consultations médicales effectuées régulièrement par des médecins de l'hôpital
  • Une équipe composée de professionnels de la santé (médecins, infirmiers, psychologues) et d'enseignants sera constituée pour encadrer le projet.MediBus grâce à ses volontaires (médecins, psychologues, enseignants, étudiants) évaluera la situation sur le terrain et soutiendra les actions des professionnels de l’équipe locale.Les étudiants des universités et instituts de santé de Tarma participeront également au projet au cours de stages professionnels.
 

7. Public cible

Les bénéficiaires directs de ce projet sont les élèves de l'école Fe y Alegría répartis comme suit :
Niveau initial (3-5 ans) : 90 enfants
Niveau primaire (6-13 ans) : 200 enfants
Niveau secondaire (13-17 ans) : 150 adolescents

Les bénéficiaires indirects du projet sont les familles et habitants des quartiers (Dos de Mayo, Curis, Capia) et des communautés paysannes Vista Hermosa, Andamarca, Curis) alentour, soit environ 3500 habitants. Au total, il s'agit donc potentiellement d'environ 4000 personnes. Parmi celles-ci, nous comptons notamment les personnes âgées qui n'ont pas la possibilité de se déplacer à l'hôpital et d'accéder à des soins de base (nous en avons en effet rencontré plusieurs dans ce cas lors de notre séjour).

 

8. Activités prévues en 2012

  • Recruter les ressources humaines nécessaires pour le projet (notamment les infirmiers, psychologues et médecins)
  • Lancer la construction du centre de santé
  • Réaliser une étude auprès de la population pour obtenir des informations supplémentaires sur les besoins du projet dans la zone
  • Désigner les responsables et acteurs du projet :
    - l'équipe (professionnels de la santé et professeurs)
    - « Parents » et « Pobladores » des quartiers et communautés alentours
  • Acheter le mobilier et le matériel pour équiper le centre de santé
  • Faire des recherches auprès des bénéficiaires du projet pour déterminer :
    - les besoins immédiats et prioritaires sur le plan médical
    - leurs ressources socio-économique
  • Informer les acteurs du projet des données obtenues sur la réalité locale
  • Répartir les différentes activitésSoutenir l'équipe

La responsabilité de l'évaluation du projet sera à la charge de la Sœur Rosario Zurita Silva, Directrice de l'école Fe y Alegría, en coordination avec l'équipe de professionnels de la santé et  de professeurs impliqués dans le projet  et l'associationMediBus.

 

9. Le projet à long terme

Autonomisation du projet

Le souhait de MediBus est que le projet puisse devenir autonome à court terme. Le comité est prêt à financer la construction du bâtiment, mais il souhaite que la rémunération des professionnels ainsi que que les frais de fonctionnement soient pris en charge par les acteurs locaux dès que possible.

Diverses possibilités sont à l'étude : financement par les collectivités publiques (la municipalité), l'école Fe y Alegría, la Fedération Fe y Alegría, et l'hôpital de Tarma.

MediBus suivra néanmoins de près le développement du projet et veillera à sa pleine réussite, en assurant notamment :

  • l'envoi de volontaires (médecins, infirmiers, psychologues, etc.)
  • le suivi sur le terrain
  • l'aide à la planification du programme de soins et à l'organisation des activités
  • l’échange d’idées et le soutien des acteurs locaux.

Collaboration avec l’Association Madre Irene

Le projet de construction d'un deuxième étage qui ferait office de bibliothèque/ludothèque est en cours. Ce projet sera soutenu par l'Association Madre Irene sise à Genève, qui est déjà active dans la région depuis une bonne dizaine d'années et a permis la création de 4 bibliothèques. Celles-ci sont gérées par la Sœur Yoli Solorzano, qui fait aussi partie de la Congregacion del Servicio Social de la Inmaculada.

Futurs projets

Si ce projet a le succès escompté et fonctionne de manière autonome, il serait possible de reproduire ce modèle, au sein de la Fédération Fe y Alegría ou en partenariat avec une autre structure éducative, au Pérou ou ailleurs.